La première chose que l’on peut dire à propos de Yuna c’est qu’elle est du genre déterminée, quand il s’agit de ses ambitions, elle est comme un boulet de démolition qui défonce tout sur son passage… cependant, si elle ressent qu’elle risque de profondément blesser une personne proche d’elle dans ses démarches, elle se freinera autant qu’elle le peut. Sa grande gentillesse est son point faible, et on a beaucoup profité d’elle par le passé grâce à cela, néanmoins ça ne change rien, encore aujourd’hui elle s’inquiète facilement et tente d’aider les personnes qui n’ont pas l’air d’aller bien, elle est d’ailleurs sage et de bon conseil malgré son jeune âge.
Paradoxalement, elle n’est pas très sociable et a gardé des cicatrices des crasses qu’on lui a fait durant sa scolarité, alors elle préfère largement s’enfermer dans sa chambre avec sa guitare ou un bon livre que de devoir passer une soirée avec des personnes en qui elle n’a pas entièrement confiance, ces personnes se comptant évidemment sur les doigts d’une seule main.

Yuna est studieuse, c’est une bosseuse et rien ne peut l’empêcher d’étudier si elle a décidé de s’y mettre, elle adore apprendre, sa curiosité et son envie de découvrir le monde sont insatiables, même lorsqu’il s’agit de sujets que d’autres trouvent ridicules ou inutiles. Elle est dotée d’une grande intelligence et apprend tout ce qu’elle désire à une allure folle, c’est d’ailleurs l’une des choses qui ont fait qu’elle a été une cible de choix pour les bourreaux des établissements qu’elle fréquentait, auxquels elle inspirait de la jalousie.

Mais son esprit sait également se libérer du stress des études, des examens, des gens qui l’entourent, elle est créative et n’est pas aussi terre-à-terre et rationnelle que les gens le pensent. Elle aime se perdre dans ses pensées, dans son imagination, se couper d’un monde parfois un peu trop dur pour elle.

La demoiselle naquit durant l’été 1994. À l’annonce de sa prochaine venue au monde, sa famille se réorganisa. Son père, toujours marié à la mère de son fils aîné, divorça pour se remarier avec celle qu’il aimait réellement avant que leur petite princesse n’entre dans la famille. Par un souci de faire perdurer l’esprit de « fratrie » que sa famille conservait précieusement, son père changea la seconde syllabe du prénom de son fils aîné pour trouver celui de sa fille : Yuna.
Et c’est dans une famille fortunée et traditionnelle que Yuna fut élevée. Dès son plus jeune âge, ses parents se rendirent compte de sa précocité et de son intelligence. Elle commença à parler assez jeune, ne supportant pas de ne pas se faire comprendre par ses parents qui faisaient littéralement ses quatre volontés tant leur petite princesse était adorable. Étrangement, elle n’en tira jamais réellement profit, préférant se consacrer à des choses plus « amusantes » que de faire tourner ses parents en bourrique. Elle jouait beaucoup, observait beaucoup le monde qui l’entourait, mais elle passait surtout beaucoup de temps à écouter sa mère jouer de la guitare. Cette grande et sublime brune qui avait fait partie d’un groupe dans sa jeunesse et qui était une guitariste hors pair, Yuna la vénérait. Quand sa mère commençait à jouer, plus rien ne comptait que la mélodie qui sortait de l’instrument, ses pleurs ou ses cris cessaient immédiatement. Il n’y avait rien de tel pour la calmer.

Durant sa première année à l’école primaire, Yuna assimila si rapidement ce qu’on lui apprenait que son institutrice demanda à voir ses parents pour faire passer des tests à l’enfant et voir si sa place était réellement dans cette classe. Les résultats aux tests étaient clairs, Yuna était plus intelligente que les autres enfants de son âge, ses parents acceptèrent donc de la faire passer dans la classe supérieure.
Sa scolarité fut difficile, elle était toujours observée par ses professeurs qui restaient à l’affût du moindre de ses progrès et finirent même par lui aménager des cours particuliers afin qu’elle ne s’ennuie pas à l’école. Et ces professeurs étaient ses seuls amis, pauvre chérie, les autres enfants l’évitaient.
Elle était dans une école privée - et ce durant toute sa scolarité - néanmoins sa famille était plus reconnue, plus riche et plus étendue que celles de ses camarades. En plus de ça elle était plus jeune qu’eux et avaient des meilleures notes, ils se mirent rapidement à la détester et à l’ignorer pour finir par l’isoler complètement en lui tournant le dos quand elle passait. Qu’elle soit toujours seule n’alerta pas ses professeurs qui mettaient ça sur le compte de son intelligence, ils pensaient que cela venait d’elle, qu’elle faisait ça car elle ne s’entendait pas avec les autres… mais c’était en réalité tout ce qu’elle cherchait : avoir des amis.
A cette même époque, la famille de son père se fit un peu plus connaitre de l’enfant, ses grands-parents exigèrent d’ailleurs rapidement qu’elle aille chez eux après l’école plutôt que d’être confiée à une baby-sitter car ses parents travaillaient tous les deux. La grand-mère exigea également que l’enfant apprenne à jouer d’un instrument de musique : le piano. Son talent artistique fut ainsi découvert, à croire que quoi que l’on attende d’elle, Yuna réussissait brillamment. Et elle adorait déjà jouer de la musique, même si ce n’était pas la même chose que sa mère, elle sentait qu’elle s’en approchait.

Lorsque Yuna entra au collège, sa relation avec les autres élèves ne s’arrangea pas. En fait, ça empira et les filles se mirent à l’isoler complètement pour lui faire passer l’envie de se faire remarquer. Mais Yuna était encore plus jeune et plus intelligente que les autres, elle avait même les meilleures notes de son année, et à chaque fois qu’un nouveau classement la plaçant en tête de liste était affiché, on lui en faisait baver. Mais cela était toujours indirect. On rayait ses livres. On lui tournait le dos. On la bousculait dans la foule. Elle manqua même plus d’une fois de tomber dans les escaliers.
Au cours de sa troisième année, on lui proposa de nouveau de sauter une classe à cause de ses connaissances un peu trop étendu pour le niveau de sa classe, mais elle refusa et réussit à persuader ses parents de l’écouter. Elle savait que si elle passait encore une classe, les choses empireraient pour elle, et comme il était hors de question qu’elle demande de l’aide à qui que ce soit, elle encaissait en silence. Elle profita cependant de l’avance qu’elle avait pour s’accorder l’apprentissage d’un nouvel instrument de musique, la harpe, qu’elle maitrisa rapidement, si bien que quelques temps après elle se mit à la guitare, son rêve depuis toute petite.

A la fin du collège, ses parents eurent enfin vent de ce qui se passait et ils décidèrent qu’elle changerait d’établissement à la prochaine rentrée, c’est ainsi qu’elle se retrouva dans un lycée public où personne ne la connaissait, personne d’autre que ses professeurs ne savaient qu’elle était plus jeune, et elle mentait quand on lui demandait son âge. Elle se fit quelques amies durant sa première année, des jeunes filles qui ne lui ressemblaient pas vraiment mais avec qui elle s’amusait beaucoup. Cependant, après quelques mois, les professeurs proposèrent à Yuna de passer au niveau supérieure, et elle accepta, elle n’avait plus aucune raison de refuser et ses parents ne l’auraient pas laissé faire. Elle entra donc dans sa nouvelle classe et y fut assez mal accueillie, ses amies de son ancienne classe lui tournèrent même le dos. Les persécutions recommencèrent, mais plus directement cette fois. Ses camarades la regardaient de haut, l’insultaient, la menaçaient et les filles la frappaient dans les toilettes, et personne ne s’interposait.

Un soir, alors qu’elle traversait la cour pour sortir du lycée et rentrer chez elle, des filles la bousculèrent et la malmenèrent avant de vider son sac sur le sol et de partir. Yuna réprima ses larmes du mieux qu’elle pouvait et commença à rassembler ses affaires, c’est là qu’elle le vit pour la première fois. Il vint l’aider et la raccompagna même jusqu’à chez elle. Il s’appelait Yuga et était aussi en deuxième année, mais contrairement à Yuna, il était extrêmement populaire. Il était également terriblement beau et la gentillesse dont il faisait preuve envers elle la déstabilisa.
Quelques jours après, elle eut enfin le courage d’aller jusqu’à sa classe, un midi, mais elle ne réussit pas à entrer pour lui parler… elle resta là, dans le couloir, à le regarder parler avec ses amis, et son cœur se mit à battre plus fort. Puis c’est lui qui vint la voir et la fit entrer dans son univers. Ils commencèrent à passer du temps ensemble, ils s’amusaient beaucoup et riaient, et à chaque fois qu’elle le voyait Yuna avait l’impression qu’elle allait défaillir. Elle ne mit pas longtemps à définir ce « mal » qui la rongeait, c’était son premier amour. Elle trouvait ça bête, c’était le premier qui lui parlait gentiment et elle s’emballait, mais elle n’y pouvait rien. Ça ne changea même pas quand les persécutions reprirent de l’ampleur malgré les efforts de Yuga pour la protéger. Les filles du lycée, folles de Yuga et donc jalouses de Yuna, la coinçaient dans un coin dès qu’elles le pouvaient, mais Yuna aimait trop Yuga pour s’éloigner de lui malgré les menaces incessantes des autres filles. Alors elle prit sur elle, l’amour qu’elle éprouvait la rendait plus forte et déterminée, elle avait quelque chose à quoi s’accrocher pour ne pas se laisser plonger cette fois. Cet amour était tel qu’elle finit par ne plus pouvoir le garder pour elle et avoua ses sentiments à Yuga, mais celui-ci se moqua gentiment d’elle en disant qu’elle plaisantait. Pendant quelques temps alors, elle chercha un moyen pour lui faire comprendre qu’elle était sérieuse puisqu’il se mettait des œillères sur les yeux.
Mais leur relation évolua d’elle-même, un soir où ils se trouvaient seuls dans la bibliothèque, ils s’embrassèrent puis commencèrent à sortir officiellement ensemble. Les persécutions cessèrent enfin, bien que Yuna n’arrivait pas à se faire d’autres amis, mais tout ce qui comptait pour elle c’était Yuga. Tant qu’il était là, elle était heureuse. Tant qu’il la regardait, qu’il l’enlaçait, elle était sur son petit nuage et personne n’aurait pu l’en faire descendre.

Personne d’autre que Yuga. Ils sortaient ensemble depuis presque un an quand il prit ses distances avec elle, brusquement, sans explication. Elle dut donc le forcer à parler car elle n’acceptait pas cette situation, elle savait ce que Yuga ressentait pour elle et ça ne pouvait pas changer aussi facilement. Il lui expliqua alors, il était son frère. Ce frère plus âgé qu’elle dont son père lui avait parlé quand elle était plus jeune, ce frère né du premier mariage de son père et qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer. Elle avait souhaité tellement fort que ce moment arrive, faire enfin face à son grand frère… mais c’était celui qu’elle aimait. Et pour elle, ça ne changeait rien, ses sentiments étaient trop forts, même si c’était « mal » puisqu’ils s’aimaient sincèrement, est-ce qu’ils étaient obligés de se séparer. Pour Yuga, c’était différent, il cria à Yuna que cette situation le dégoutait, que la voir le répugnait, qu’il fallait en finir, cette relation était impossible.
Yuna eut le cœur brisé, mais elle ne baissa pas les bras. Yuga était l’homme de sa vie, elle en était persuadée, ils étaient trop proches, trop complémentaires pour qu’il ne puisse pas être son grand amour. Elle persévéra, retournant le voir pour le faire changer d’avis, lui faire comprendre qu’elle l’aimait quand même, mais il s’entêtait.

A la fin de l’année, alors que tous les élèves devaient choisir où aller, Yuga avoua à Yuna qu’il partait loin et qu’ils ne se verraient plus jamais. Sous le choc, la jeune fille n’eut même pas la pensée d’essayer de le retenir, et ensuite… c’était trop tard. Elle essaya de savoir où il allait, mais n’eut pas de réponse. Elle se retrouva donc au pied du mur, devant faire un choix… elle aussi, elle partit. Elle avait été acceptée à l’Institut Tenno, à Tokyo, et son talent pour la musique fit que même sa grand-mère fut enchantée de ce choix. Elle choisit la section musique, emmenant sa guitare bien aimée avec elle… la musique était, à présent, son seul réconfort.

Au cours de sa première année, Yuna se fit des amis, et c’était bien la première fois qu’elle ne se sentait pas isolée à cause de son intelligence ou de la fortune de ses parents, ni même à cause de son âge. Ici ça ne comptait pas, seul le talent comptait, et elle était entourée de camarades très doués, même si elle continuait à garder une petite avance sur les autres. La vie à Tenno était agréable, mais ça ne suffit pas à réparer le cœur de Yuna, ou à lui faire oublier Yuga. C’était impossible pour elle, il était tout ce qu’elle voulait.
Au début de sa deuxième année, cependant, elle changea de colocataire et se retrouva nez-à-nez avec son frère. Alors il était là ? C’est là qu’il était parti ? Yuna n’en revenait tout simplement pas, ils avaient passé un an sans même se voir, comment c’était possible ? Pourtant, qu’ils se retrouvent ainsi la persuada qu’il s’agissait d’un signe, c’était juste trop beau pour que ce soit un simple hasard. C’était maintenant l’occasion de faire comprendre à Yuga que leur amour était plus fort que leur lien de sang et qu’elle défierait le monde juste pour pouvoir être avec lui.