Hikaru c’est un garçon sage. On doit surement ce trait de caractère au fait qu’il ait toujours dû être quelqu’un d’exemplaire pour s’en sortir lorsqu’il était tout petit. De plus, ça n’a pas toujours été facile de supporter toutes les moqueries de ses camarades car bien évidemment à l’époque tout le monde savait où il vivait. Et pourtant, hier comme aujourd’hui, il a toujours su garder son calme et se battre ne fait pas partie de ses habitudes. A vrai dire, il serait même prêt à se faire marcher dessus. Ce n’est pas un manque de fierté, simplement il ne sait pas comment se défendre et cette idée ne lui viendrait même pas à l’esprit.

Il est également plutôt solitaire et timide. Ses amis les plus proches sont constamment en train de le secouer pour le voir faire quelque chose, il est capable de rester debout à un endroit précis sans bouger, sans rien faire, sans rien dire. Il ne prend pas d’initiative et attend généralement qu’on lui dise ce qu’il doit ou ce qu’il peut faire. Une sale manie de son passé qu’il a encore gardé. Il n’ira jamais voir quelqu’un de son plein gré, même quelqu’un qu’il connait très bien en dehors de ses deux meilleurs amis qui sont un peu ses repères. Il faut généralement faire le premier pas avec lui ou bien insister qu’il a rendez-vous à tel endroit.

Mais quand on creuse, c’est un garçon en or. On peut se confier à lui, il est ne répétera jamais quoique ce soit qu’on ait pu lui dire. Et malgré son manque d’expérience dans tout un tas de domaine, il est très bon conseiller. Il a passe son temps à observer le monde qui l’entoure, parfois passant presque pour l’homme invisible, mais sa mémoire visuelle et sa faculté à assimiler les choses rien qu’avec un regard font que même s’il n’avait jamais fait de vélo, il pourrait apprendre à un novice comment pédaler. C’est comme ça qu’il a appris la guitare, car il faut bien admettre qu’avec les revenus très bas que ses parents avaient, il n’a jamais pu se permettre de s’offrir des cours de guitare.

D’ailleurs, la guitare c’est tout sa vie, tout comme le chant. Lorsqu’il est sur scène, il est un tout autre homme. Il se lâche, comme s’il se mettait à nu devant son public, une façon pour lui de s’exprimer réellement et de montrer que la coquille n’est pas si vide que ça.

Hikaru n’est pas né comme tous ses autres camarades dans une clinique ou un hôpital. Il n’a pas connu les mêmes conditions hygiéniques que tous ses camarades de classe. Non, ses parents avaient été expulsés à peine cinq mois avant sa naissance. Personne n’avait rien pu faire pour eux, la famille n’avait plus aucune considération pour le couple. Les seules personnes qui leur vinrent rapidement en aide furent deux personnes âgées qui vivaient de façon on ne peut plus modeste dans ce qui ressemble à une sorte de bidonville. Ils les accueillirent chaleureusement et même si ce n’était pas vraiment l’endroit idéal pour élever un enfant, ils passèrent dix ans de leur vie dans cet endroit insalubre.

Au départ, tout le monde considérait que Hikaru était un petit garçon normal. L’avantage de l’uniforme c’est que tout le monde est logé à la même enseigne dans une école. La direction avait accepté de faire don d’un de leur vieil uniforme pour que le jeune Suzuki ait la même chance que les autres enfants de son âge. Mais bien rapidement, tout le monde découvrit la triste vie que menait Hikaru. A force de refuser de rentrer avec ses camarades, tout le monde se posa des questions, et ce n’était pas un simple acte de timidité ou de solitude. D’ailleurs ces deux traits de caractères du jeune homme découlent très certainement de ces années passées.

Même s’il était victime de moqueries et bien souvent mis à l’écart, personne n’a jamais trouvé d’intérêt à se montrer violent avec lui. Les rares fois où ce drame se produisit, les agresseurs furent rapidement déçu de la réaction de Hikaru. Il ne pleurait pas, il ne criait pas, il ne se défendait pas… En revanche, il se mettait à chanter, et personne ne pouvait nier qu’il possédait une voix plus que sublime. Les coups s’arrêtaient aussitôt et tout le monde s’amenait autour de lui non pas pour lui venir en aide et corriger les petits délinquants mais simplement pour écouter la voix cristalline et encore enfantine de Hikaru.

A l’âge de dix ans, la vie de bonhomme changea du tout au tout. En effet, son père et sa mère réussir à trouver un emploi sur Tôkyô. Il était donc question pour la petite famille de changer complètement de vie, car le patron des parents leur proposait un logement à la capitale. Un logement modeste, certes, mais c’était bien plus accueillant et chaleureux que ce qu’ils avaient pu connaitre. De plus, entre temps le couple de vieillards avait disparu et vivre dans ces décombres devenait de plus en plus insupportable.

Personne ne connaissait le passé de Hikaru, personne ne savait ce qu’il avait vécu et ce n’est pas lui qui allait le crier sur tous les toits. Mais qui dit nouvelle vie, ne voulait pas forcément dire nouvelle façon de se comporter. Son caractère renfermé et solitaire demeurait le même au fil des années. Tout ce qui changea, ce fut la possibilité à l’école de développer son talent de chanteur. Il ne le niait pas, à chaque fois qu’il avait pu partager son talent il avait toujours reçu des compliments et même les personnes qui ne l’appréciaient pas plus que ça lui avaient recommandé de prendre des cours de chant ou quelque chose dans le genre. Ce fut donc la première chose qu’il fit en arrivant dans sa nouvelle école.

Il s’adapta rapidement à la vie d’un jeune tokyoïte, n’abandonnant jamais sa passion pour le chant et en découvrant un instrument qu’il ne tarda pas de maîtriser : la guitare. Il devait avoir quinze ans environ la première fois qu’il joua quelques accords. Son entourage se posa des questions sur la manière dont il avait réussi à devenir un aussi bon musicien sans avoir eu une seule fois des leçons mais il est ce qu’on appelle un autodidacte et en plus de ça, s’il n’a pas l’oreille absolue, il possède tout de même une très bonne oreille musicale, chose qui lui est d’une grande utilité.

Il se fit quelques amis qui n’avaient rien à voir avec le domaine de la musique mais il était sûr qu’il pouvait compter sur eux et inversement. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux qui lui fit découvrir l’existence de l’Institut Tenno. Mais il lui fallut près de trois ans avant d’être accepté au sein de cette école, la bourse ne lui ayant pas été autorisée d’emblée. Mais aujourd’hui, il entre en première année après avoir réussi avec brio l’audition estivale.