Institut des Arts de la Scène de Tokyo
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Je t'attends encore...

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Yuna Miyake

Yuna Miyake

Guitariste

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Message Sujet : Je t'attends encore...
Je t'attends encore... Icon_minitime Sam 5 Jan - 0:55

Yuna Miyake &
& Yuga Masamune
Chambre de Yuna et Yuga • le 14/09 à 20:40


Je regardai l’heure sur mon portable et jetai un coup d’œil autour de moi pour scruter dans la salle de réfectoire. Mais non, il n’y avait rien à faire, je ne le voyais pas. Il n’arrivait pas, n’attendait pas pour avoir son repas, n’était pas sagement assis à une table en train de manger… où que je regarde, il n’y était pas, et en fait… cela ne me surprenait même pas. Un long soupir s’échappa de ma bouche et je me calai dans mon siège en reposant mes couverts.
Une main se posa sur la mienne et me fit relever les yeux vers sa propriétaire, une camarade de classe avec qui, comme ce soir, je dînais de temps en temps.

- Quelque chose ne va pas, Yuna ?
- Hum… je suis juste un peu fatiguée.

Elle sourit et recommença à manger. Moi je n’avais plus faim, ça me coupait l’appétit… déjà que je ne mangeais pas beaucoup habituellement. Enfin, heureusement que j’avais des sucreries dans ma chambre… bon, je ne mangeais pas énormément mais je grignotais beaucoup. Mauvaise habitude, je sais, mais c’était plus fort que moi, et puis je commencerai à m’inquiéter quand je prendrais cinq kilos par semaine, en attendant je pouvais bien faire ce que je voulais.
Je repoussai doucement et silencieusement ma chaise, et mes amis levèrent les yeux vers moi, surpris. Cela fait plus de trente minutes qu’on était ici, que voulaient-ils ? Qu’on fasse réveillon ? J’avais des choses à faire moi, plus importantes que de babiller autour d’un repas… surveiller le retour de mon « colocataire » par exemple.

- Je vous laisse, dis-je gentiment, j’ai des devoirs à terminer.
- Toi !?

Je sursautai, leurs voix n’avaient fait qu’une pour m’envoyer ce mot comme une accusation. D’accord, ils ne me croyaient pas une seconde, je n’avais jamais de retard sur mes devoirs, j’avais même de l’avance. Un sourire se glissa sur mes lèvres.

- La dissert’ qu’on a à rendre dans deux semaines, fis-je mine d’avouer à contrecœur.

Ils se mirent à rire, je récupérai mon plateau en leur souhaitant une bonne soirée et filai du réfectoire pour remonter à ma chambre. J’y allai d’un pas rapide d’ailleurs, espérant encore qu’il serait peut-être là, mais lorsque je voulus ouvrir la porte, elle était fermée à clé. Bordel où est-ce qu’il était ? Il s’entrainait encore ? C’était pas humain… en plus on se voyait si peu.
Je me mordis la lèvre et sortis la clé de ma poche pour entrer dans la chambre. Je refermai la porte derrière moi et m’y appuyai avant d’allumer la pièce. Mon regard se posa sur les bouquins sur mon lit, habituellement je me serais jetée dessus pour me remettre à étudier… et le pire c’est la dissert’ que je devais soi-disant finir… elle était fini depuis le second jour qui avait suivi le jour où on nous l’avait donné… le sujet m’avait inspiré. Certes, ne pas avoir de devoir ne m’avait jamais empêché d’étudier, mais là j’étais trop inquiète pour me plonger dans mes bouquins, je voulais savoir à quel moment il rentrerait.

Je soufflai et allumai la radio avant de décider d’aller prendre ma douche rapidement, pour qu’il puisse prendre la sienne en arrivant, à moins qu’il ne s’écroule sur son lit. Et ça, je le guettais, cela faisait plusieurs jours qu’il s’entrainait tard après les cours… et je m’empêchais absolument de me dire que j’étais naïve de croire qu’il s’entrainait, ou encore qu’il était seul… si ça se trouve, il avait une petite amie et il passait son temps avec elle…

- Bon, douche ! râlai-je.

J’entrai comme une furie dans la salle de bain, claquai la porte, et me déshabillai en deux-deux pour entrer dans la douche. Un coup d’eau froide me calma instantanément, puis je remis de l’eau chaude pour ne pas mourir d’hypothermie. J’étais idiote de croire qu’il avait une petite amie, enfin, évidemment, ce n’était pas parce qu’il ne pouvait pas, à mon avis il avait plus d’une fille à ses pieds - en dehors de moi - mais je le connaissais, et je savais ce qu’il ressentait pour moi quoi qu’il dise. Je le savais, j’en étais persuadé, je le connaissais bien, c’était mon demi-frère après tout, non ? Et s’il devait avoir une petite amie, il me le dirait, il ne me laisserait pas agir comme je le faisais, quand bien même cela se révélait infructueux la plupart du temps.

Je ressortis de la douche en moins de dix minutes, je m’essuyai et essorai mes cheveux sans les sécher complètement, s’ils ne séchaient pas tout seuls, ils devenaient électriques, c’était ignoble. Je sortis de la salle de bain en serviette, je savais qu’il n’était toujours pas là de toute façon, et une fois dans la chambre j’enfilai mon pyjama. Alors que je balançais ma serviette dans un coin, mon regard se posa sur mon reflet que me renvoyait la psyché. Je soupirai pour la énième fois. Je devrais peut-être trouver un pyjama plus féminin, ou plus sexy. Si je me pavanais en nuisette, cela l’aiderait peut-être à plier… enfin à condition qu’il rentre un jour.

J’allai finalement m’asseoir sur mon lit, attrapai ma guitare et commençai à gratter les cordes en suivant les notes que jouait la radio. Combien de chanson avais-je le temps de jouer avant qu’il ne rentre ? Vingt ? Trente ? Pff…
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Yuga Masamune

Yuga Masamune


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Message Sujet : Re: Je t'attends encore...
Je t'attends encore... Icon_minitime Sam 5 Jan - 17:15

Vingt heures. La cloche sonne la fin de cours, mais je n’ai absolument aucune envie de partir. La fin des cours est un enfer pour moi. Et pour cause, comment cela pourrait-il en être autrement ? J’aimais une femme, une seule et unique femme, et il a fallu qu’elle soit ma sœur. Les gens autour ont beau me caresser dans le sens du poil, me dire que j’ai de la chance, et tout un tas d’autres conneries, je n’y crois pas une seconde. A mes yeux j’ai certainement la vie la plus pourrie qu’un mec de vingt ans vivant à Tokyo peut espérer. Pas une thune, des profs constamment sur mon dos, et on saupoudre le tout par un amour impossible, de quoi vous faire péter un plomb en moins de deux !
Je lâche un profond soupire en voyant le groupe qui me sert d’amis courir vers le réfectoire. Ils m’appellent. Bon sang, ils ne peuvent pas me lâcher cinq minutes ?!

Enfin… Là je me fais plaisir. Il est évident que je ne peux pas leur dire un truc pareil. Non à la place je revêts mon plus beau sourire en leur disant que je vais rester bosser un peu. Ils ont l’habitude : ils me collent au train toute la journée, mais finalement, en dehors des cours, je ne les vois presque pas, et c’est tant mieux.
Une fois seul dans la salle, je vais à la porte, en pousse le verrou, et contrairement à ce que je leur disais, je ne rebranche pas les micros pour m’entraîner mais je me laisse simplement glisser dans un coin de la pièce. J’agrippe mon sac, en sort deux croissants et une pomme habilement raflés ce matin au petit dej’ et me contente de ça pour ne pas avoir à la croiser non plus ce soir.
Je serai presque en colère après elle : après tout, c’est de sa faute si je ne peux pas manger tranquillement assis à une table avec un plat fumant sous le nez, mais à quoi bon se mentir. Je ne suis qu’un lâche, et je m’en accommode bien. Que pourrais-je faire de mieux ? Feindre l’indifférence et jouer les grands frères attentionnés comme si nous n’avions jamais rien vécu ensemble ? Non, impossible. J’ai déjà tellement de mal à me retenir.

La pauvre… Si seulement elle savait quel genre de pervers tordu peut être son brave grand-frère, ça lui refroidirait certainement assez l’esprit pour qu’elle quitte l’école en courant. Mais là encore, je ne peux même pas agir ainsi, j’ai quand même un minimum de respect pour elle. Elle mérite sa place, elle n’est même pas ici parce qu’elle m’a suivie, alors pourquoi je devrais la priver de sa musique ? Je suis peut-être un beau salopard dans mon genre, mais je ne suis pas encore tombé aussi bas. Du moins je l’espère.
Je soupire à nouveau en regardant de loin la pendule de la classe. J’imagine qu’elle doit être en train de manger avec ses amis à l’heure qu’il est. J’imagine ses lèvres roses s’étirer en un franc sourire tandis qu’elle partage de bons moments avec eux. Ça m’énerve immédiatement de l’imaginer rire avec d’autres, alors je me concentre sur le mouvement de sa mâchoire quand elle mange. Je me souviens de nos déjeuners sur le toit du lycée, de son adorable nez se fronçant lorsque je préparais son bento. J’étais un bien piètre cuisinier, pourtant, elle finissait toujours en me disant que je m’améliorais. J’aimais ses mensonges, ses sourires, sa douceur…
Ça y’est, je repars dans mon petit monde illusoire. Dans cette bulle où elle n’appartient qu’à moi, construite à partir de nos vieux souvenirs et de mes fantasmes présents. Je la vois à présent, j’imagine sa démarche rapide lorsqu’elle rentre à notre chambre. Je l’imagine fronçant les sourcils en voyant que je n’y suis pas. Le pain dans ma main n’est même pas entamé, pourtant les aiguilles de la pendule ont déjà fait un tour complet. Je l’imagine grattant le papier à son bureau, l’odeur de ses cheveux encore humide lorsqu’elle sort de la douche, son pyjama grossier qui cache ses formes… Elle ne se rend même pas compte de ce qu’elle me fait.
Je la connais assez pour savoir que son corps est sublime, et quand elle le cache sous ce genre de vêtement, c’est un supplice que de ne pas les lui enlever. Elle serait moins excitante dans le genre de dentelles sexy que portent généralement celles que je couche dans mon lit, car plus elle se cache, et plus je la veux. Ça a toujours été comme ça après tout. Vouloir ce que l’on ne peut obtenir a rendu fou plus d’un homme, et dans cette catégorie je ne suis vraiment pas le dernier.
Le minuteur de la salle arrive à son terme, je me retrouve plongé dans le noir. Je n’ai même pas la force de traverser la pièce pour le remettre en marche. Si seulement je pouvais rester ainsi, définitivement assis dans le noir et sans repères, noyé dans mes visions fantasmagoriques d’elle, peut-être alors qu’elle ne courrait plus aucun danger. Peut-être alors que je serai enfin tranquille loin de toute tentation. C’est pas vrai… Je suis vraiment qu’une larve !

Je finis par enfin me lever. Tout en fourrant mon pain dans ma bouche je rassemble mes affaires à tâtons et quitte enfin la salle sans prendre la peine de passer par le réfectoire. Quelques minutes de marche dans ce froid de gueux et me voilà enfin à la résidence. Bien évidemment, sur le chemin je croise une ribambelle d’abrutis qui ne peuvent s’empêcher de me demander où j’étais passé. J’ai un bout de main à la bouche, une pomme entamée dans la main, et ils me posent quand même la question. Je suis à deux doigts de l’explosion. Préférant ne pas m’attarder, je fais mine de ne pas pouvoir leur répondre en vue de ma bouche pleine, et après les avoir salué de la façon la plus joyeuse dont je sois capable j’atteins enfin le couloir, heureusement vide.
De derrière la porte, j’entends les sons d’une guitare sèche. J’ai la main posé sur la porte, l’autre s’apprête à faire rentrer la clé dans la serrure, mais je ne bouge pas. Je l’écoute comme la plus pure des mélodies. Je m’imagine la course de ses doigts sur les cordes. Le bout de ses doigts rougis par le pincement, la marque de la corde dû au glissement. Si seulement je pouvais apaiser cette main du bout des lèvres…

Je me claque mentalement. Allez mon gars, courage ! J’entre avec la plus grande nonchalance, jette mon sac à travers la pièce, et après lui avoir décroché un mince « ‘lut » sans un regard, je me laisse tomber contre ma chaise de bureau et lui tourne le dos. Bon sang ce que ça me fatigue de jouer cette comédie grotesque. Je voudrais tellement lui arracher cette foutue guitare des mains et faire que ce soit moi qu’elle tienne, je voudrais tellement l’arracher à cette existence dans laquelle je nous contraints… Je ne peux pas. Je n’ai pas le droit. La lumière de mon écran d’ordinateur que je viens d’allumer m’aveugle un moment. Merde, je sens son odeur embaumer toute la pièce. Je commence déjà à avoir chaud, à sentir mon cœur palpiter comme un malade. Je me suis fait une guirlande de filles toutes semblables à des mannequins de magazines, mais la seule capable de me rendre fou à ce point c’est cette fille fragile et tendre, un peu banale quoi que très talentueuse. Je me dégoûte. Elle me dégoûte elle aussi de me faire ressentir ça. Sans m’en rendre compte, je suis stoïque. Mon fond d’écran me fait de l’œil, et je n’ai toujours pas lancé le moindre truc. Je me demande même pourquoi je l’ai allumé : je n’ai rien à voir, je n’ai pas envie de parler à qui que ce soit. En fait si, il y a bien une personne à qui je meurs d’envie de parler. D’ailleurs, je réalise que cette dite personne a cessé de jouer depuis que je suis entré dans la chambre. Je fais pivoter la chaise, le dos vouté, les coudes reposés sur mes genoux je la regarde avec insistance pendant quelques secondes. Si seulement elle pouvait prendre l’initiative je ne serai pas coupable non ? Merde, ce serait pire encore. Moi je peux encore me contrôler, mais si elle venait à faire le premier pas ce soir, je ne donnerai pas cher de mon semblant de volonté. Je ne sais même pas quoi lui dire, alors tout ce que je trouve de mieux à faire, c’est de lui demander mollement :

« C’était bien ta journée ? »

Elle ne répond pas. Elle me regarde. Arrête. Arrête ça bon sang !

« Désolé d’être rentré tard, j’ai traîné au studio »

Pourquoi je me justifie maintenant ? C’est ma sœur pas ma mère ! J’en ai ras le bol, je voudrais tout plaquer. Mais elle me répond enfin…

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Yuna Miyake

Yuna Miyake

Guitariste

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Message Sujet : Re: Je t'attends encore...
Je t'attends encore... Icon_minitime Jeu 10 Jan - 22:43

Jouer m’apaisait. Je ne savais pas si c’était le son de la guitare sèche, de ma guitare, la danse de mes doigts sur les cordes, ou bien le fait de me perdre dans la musique presque entièrement, mais la musique me faisait cet effet-là, à chaque fois, enfin presque. Jouer m’apaisait, d’habitude, pas ce soir, et cela me frustrait. Qu’est-ce que j’avais de différent de d’habitude ? Qu’est-ce que cette journée avait de différent ? Elle s’était déroulée comme les autres, je l’avais guetté, cherché des yeux dès que je le pouvais, en vain pour ne pas changer. J’avais espéré le croiser à chaque détour de couloir, espéré qu’il soit dans notre chambre après les cours, après le dîner, en vain pour ne pas changer.
Je me mordis la lèvre pour étouffer un soupir, c’était peut-être ça le problème au final, rien ne changeait. Je piétinais. Il fallait que je trouve autre chose. Une autre solution. Quelque chose qui réussirait à lui faire ouvrir les yeux, comme avant. J’y arriverai, de toute façon, je trouverai, c’était hors de question que j’abandonne maintenant, pas après tout ce qui s’était passé. Qui serait assez bête après avoir souffert autant et simplement lâcher prise ? Ce serait tout réduire à néant. Ce serait l’accepter seulement comme mon frère. Il était tellement plus que ça.

Mon cœur tressaillit dans ma poitrine lorsque j’entendis la porte s’ouvrir. Enfin, il rentrait. Enfin j’allais arrêter de me demander où il était. Cette fois je soupirai, doucement pour qu’il n’entende pas, et mes doigts cessèrent de gratter les cordes. Il me salua tout juste avant d’aller à son bureau, il ne m’avait même pas regardé, alors que je ne le lâchais pas des yeux. Cette indolence avait le don de me mettre les nerfs en boule. Il rentrait bien après la fin des cours, je ne savais même pas s’il prenait le temps de manger, et tout ce qu’il trouvait à faire en arrivant dans notre chambre où il savait que j’attendais son retour, c’était de m’adresser une unique syllabe du bout des lèvres. Était-il cruel ? Sadique ? Ou tout simplement idiot ?
Je le regardai allumer son ordinateur, il n’y avait plus que la radio qui jouait, faible bruit de fond car j’avais fini par baisser le son, mais je ne pouvais me résoudre à l’éteindre totalement, jamais lorsque j’étais dans la chambre, jamais quand je savais qu’il arriverait à un moment ou à un autre… le silence, en présence de mon frère, était tellement vicieux. Chaque seconde qui passait sans qu’aucun de mot entre nous ne soit prononcé était insupportable, je préférais me concentrer sur la musique, elle au moins me répondait toujours, ne me rejetait pas.

Il ne bougeait pas devant son ordinateur, mais je savais qu’il savait que je le regardais, que j’attendais qu’il parle, qu’il me dise autre chose qu’un malheureux « salut » à moitié mâché. Après un moment, il finit par se tourner vers moi, accoudé sur ses jambes, et quand son regard se posa sur moi, mon cœur battit encore une fois un peu plus fort. Je restai néanmoins silencieuse, je n’allais pas gâcher sa prise de conscience, je n’avais pas l’intention de parler la première, ce n’était pas moi qui fuyais, pas moi qui mentais, pas moi qui ignorais tout ce qui nous poussait l’un vers l’autre. Il savait tout. Tout ce qu’il avait à savoir sur ce que je pouvais ressentir. Je ne lui cachais rien de ce que je pensais, je ne lui cachais rien de ma détermination à lui ouvrir les yeux de nouveau sur ce qu’il éprouvait. Je n’avais pas à parler, à le mettre à l’aise, à lui faire croire que je supportais cette situation le mieux du monde. Ses lèvres bougèrent et sa voix résonna enfin dans la chambre.

« C’était bien ta journée ? »

Je ne bronchai pas, j’en revenais à peine qu’il ose me poser ce genre de question. Qu’il me demande comment s’était passé ma journée, ça passerait encore, mais qu’il me demande si c’était bien… alors qu’à présent je le voyais tous les jours sans pouvoir pour autant laisser libre cours à mes sentiments, à mes désirs… honnêtement si je n’avais pas une capacité de concentration aussi impressionnante lorsque je le voulais, mes journées ne seraient qu’entière frustration, je finirais par devenir folle.

« Désolé d’être rentré tard, j’ai traîné au studio »

Et voilà qu’il s’excusait… comme si je ne savais pas déjà où il était. Enfin, certes, m’avait également effleuré l’esprit l’idée qu’il ait pu être en train de prendre du bon temps avec une fille… mais honnêtement, cette pensée me révoltait tellement que je pourrais probablement frapper quiconque poserait ses pattes sur lui.

- Ça va… c’est pas comme si j’avais pas l’habitude de me retrouver seule.

Je détournai finalement la tête et me levai pour aller reposer ma guitare sur son trépied. Maintenant que mon frère était rentré, je n’avais plus envie de jouer, je voulais juste parler avec lui, quand bien même tout ce que je réussirais à lui dire serait sans doute désagréable, je préférais autant ça à son indifférence. Cela m’énervait tellement qu’il fasse si peu attention à moi, est-ce qu’il voulait me prouver qu’il s’en fichait de moi ? Ça ne marchait pas, il me connaissait mal… ou ne savait pas à quel point je le connaissais.
Je m’approchai distraitement d’une étagère où étaient posées des petites choses que j’avais amenées de chez moi, certaines me venaient même de Yuga. J’en saisis une entre mes doigts, doucement, et la fis tourner en réfléchissant. Bien sûr, le silence était retombé, enfin presque car la radio jouait toujours pour empêcher le poids de ces non-dits de broyer mes épaules. Je choisis alors de répondre à sa question par un mensonge, en espérant qu’il n’y voie que du feu.

- C’était super, repris-je donc d’une voix plus légère. Je m’amuse bien avec les camarades de ma classe, ils sont gentils. Des fois je me dis que les journées passent trop vite et j’ai envie d’être vite le lendemain pour les retrouver.

Je lui adressai un sourire et rebaissai les yeux sur l’objet entre mes doigts. En réalité, ce n’était qu’en partie faux. J’aimais bien mes camarades de classes, ils étaient de bons copains, mais j’avais plus souvent envie d’être le soir pour retrouver Yuga dans notre chambre que d’être le lendemain pour reprendre les cours.
Je reposai ma babiole après l’avoir portée à mes lèvres et retournai vers les lits, mais plutôt que de retourner m’asseoir sur le mien, j’allai sur celui de Yuga et m’installai près de lui. Si j’avais pu, si j’avais eu le courage, je me serais assise sur ses genoux et pelotonnai contre lui pour sentir mon cœur se remettre à battre fort, fort… même s’il accélérait quand je le voyais, ça n’égalait pas les fois où j’avais pu me retrouver dans ses bras, contre son torse, alors qu’il posait sa tête sur la mienne et me serrait dans ses bras. Si j’avais pu, je lui aurais dit à quel point ça me manquait, mais j’avais peur que si je commence à déballer ce genre de choses, je ne puisse plus m’arrêter, et je n’étais pas certaine que finir par le supplier en pleurant de me prendre dans ses bras soit la meilleure manière de réussir à le faire revenir vers moi. Il dirait sans doute que si je souffrais, il valait mieux que je passe à autre chose. Je le connaissais. Je savais qu’il était capable de dire ce genre de connerie.
Copiant son apparente désinvolture, je croisai mes jambes en tailleur sur le lit et attrapai son oreiller pour le serrer dans mes bras. Je me fichais d’avoir l’air d’une stalkeuse ou un truc du genre, mais ce fichu coussin était imprégné de son odeur et le tenir contre ma poitrine était un substitut comme un autre.

- Et toi ? demandai-je en relevant les yeux vers Yuga. Tu restes souvent au studio après les cours, tu… t’entraines beaucoup. Tu n’es pas trop fatigué ?

Malgré mon agacement parce qu’il osait faire comme si de rien n’était, je ne pouvais pas m’empêcher d’être inquiète, mais je l’aimais plus que tout, c’était normal que je sois inquiète pour lui. Et puis, il était mon frère, non, alors quelque part ça me regardait, quoi qu’il en dise.
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Message Sujet : Re: Je t'attends encore...
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