Ah Eun est un garçon adorable, du genre de ceux qu'on a du mal à détester malgré leurs défauts. Et des défauts, monsieur en a quelques uns. Pour commencer il est assez naïf, en y mettant la forme on peut lui faire croire à peu près n'importe quoi... ce qui est drôle, jusqu'à un certain point, parce qu'il est également facilement manipulable, et même s'il en a conscience, il a du mal à voir les personnes qui ne sont pas sincères avec lui, ou qui s'amusent à ses dépends, heureusement celles-ci sont assez rares autour de lui.
Il est aussi très têtu et persévérant, quand il a une idée dans la tête, c'est difficile de le faire changer d'avis ; de même, il va jusqu'au bout de ses projets sans jamais laisser tomber, quand bien même on lui dise que c'est sans intérêt ou qu'il n'a aucune chance d'y arriver, tant qu'il ne se le prouve pas lui-même, il n'abandonne jamais.
Mais si on adore Ah Eun, et que même les personnes plus jeunes que lui le voient comme un petit frère, c'est pour son inconditionnelle gentillesse et son sens de l'humour à tout épreuve. Jamais on ne verra Ah Eun ignorer quelqu'un qui va mal, même si lui-même est au plus bas. Il fait tout pour aider les autres, matériellement, moralement ou émotionnellement. Certains peuvent penser qu'il fait ça pour se donner de l'importance, faire monter l'estime que les gens ont pour lui, et sa propre estime, mais c'est juste que la détresse des gens, quelle qu'elle soit, le touche toujours profondément...
Mais il n'est pas aussi soigneux envers lui qu'avec les autres, il est même plutôt casse-cou, compte tenu de sa maladie qu'il ne prend jamais en compte quand il fait des plans. Il ne se soucie de lui que quand il s'agit de la danse.
Il parle également très peu de lui, et garde ses soucis pour lui... pas nécessairement parce qu'il a la force de tout surmonter tout seul, c'est avant tout un petit manque de courage devant la réaction des gens qui l'empêche de parler de certaines choses.

Ah Eun vint au monde à Busan, une ville calme et agréable de Corée du Sud. Benjamin d’une fratrie de quatre enfants, il fut élevé dans une famille plutôt aisée et ne manqua jamais de rien. Bienheureusement, son caractère fait que jamais il n’apprit à considérer que tout ce qu’il avait lui était dû, il ne devint pas non plus capricieux et ses parents lui inculquèrent - tout comme à ses frères et sœur - des valeurs essentiels : le partage, la solidarité, l’ouverture d’esprit, l’honnêteté… valeurs qu’il n’oubliera pas.
Le petit Ah Eun grandit normalement, il était plutôt extraverti et, à l’école, se fit très facilement des tas d’amis. Il aimait avoir des gens autour de lui, être seul le terrorisait plus qu’autre chose, comme s’il avait un jour peur qu’on l’oublie.

Sa grande sœur faisait de la danse, loin du classique que leur mère aurait voulu lui faire apprendre, du haut de ses 16 ans, elle bougeait sur du hip-hop, ou encore du jazz. Un jour, alors qu’elle était en charge de garder Ah Eun qui, malade, n’avait pu aller à l’école, elle l’emmena avec elle à son cours de danse et le petit garçon s’installa dans un coin pour regarder sa sœur et les autres danseurs. Bien qu’âgé de seulement 5 ans, le petit eut un déclic et, une fois de retour chez lui, il se mit à parler à sa mère de ce qu’il avait vu, ça l’avait littéralement transporté. Vu son entrain, ses parents, hésitants au premier abord, décidèrent finalement de l’inscrire à des cours, lui aussi, se disant qu’à son âge, ça ne durerait pas mais que c’était au moins quelque chose qu’il ne regretterait pas.
Et, en effet, il ne le regretta pas, Ah Eun se révéla très doué pour la danse, et en faire lui-même lui montra qu’il aimait encore plus ça qu’il ne l’aurait pensé. Bien sûr, même s’ils pensaient tous que ça ne durerait que quelques semaines tout au plus, ses parents, ses frères et sa sœur le soutenaient et reconnaissaient le talent évident de l’enfant. Il apprenait très vite, et se différenciait de ses autres camarades de danses par sa souplesse et son agilité, il s’entrainait sans cesse.

Même si la danse faisait à présent partie intégrante de sa vie, il devait aussi étudier et avoir de bonnes notes à l’école. Le primaire se passa brillamment, il faisait des efforts, de peur que ses parents ne lui suppriment ses cours de danse s’il ne ramenait pas de bonnes notes, mais en deuxième année de collège ses notes baissèrent, et les appréciations de ses professeurs s’alignèrent : « Inattentif », « S’endort en classe », « Baisse des résultats », « Travail insuffisant ». Car, oui, depuis quelques semaines déjà, et Ah Eun s’était évertué à le cacher, il tombait littéralement de sommeil. Qu’il soit en classe, dans la rue, dans le métro… il s’endormait instantanément et il était impossible de le réveiller.
Contrairement à ce qu’il pensait, ses parents ne le fâchèrent pas, ne le punirent pas pour ce comportement, ils comprirent aussitôt que quelque chose clochait. Ah Eun avait beau être un adolescent très vivant, il était néanmoins extrêmement sérieux, et ce n’était pas son genre de s’endormir en plein cours, ses parents le savaient, et savaient également qu’il faisait ses devoirs consciencieusement. Ils allèrent voir un médecin, Ah Eun passa des examens médicaux, et le diagnostic fut définitif, il souffrait de narcolepsie.

Il n’en fallut pas plus à ses parents pour prendre des mesures drastiques, ils ne comptaient pas laisser quoi que ce soit arriver à leur petit prodige, ils lui firent arrêter l’école, engagèrent un professeur à domicile et demandèrent à Ah Eun de sortir le moins possible de la maison… la demande fit tout de suite tilt dans la tête de Ah Eun, cela signifiait ne plus voir ses amis, ne plus aller s’amuser à l’arcade, ou au bord de la plage… mais le pire de tout c’est que ça voulait aussi dire d’arrêter la danse, et ça ce fut inacceptable. Pour la première fois, Ah Eun s’opposa fermement à ses parents. La danse c’était sa passion, il ne pouvait pas vivre sans danser, c’était impossible. Comme pour ses cours scolaires, ils lui proposèrent de lui aménager un endroit où danser dans la maison, mais c’était différent, il voulait continuer ses cours, c’était ça où il partirait danser quand ils auraient le dos tourné. De peur qu’il exécute sa menace, ses parents acceptèrent qu’il continue la danse, mais c’était sa seule sortie.

Au début, ce fut pénible… mais plus le temps passait, et plus cette claustration lui pesait, s’il n’avait pas eu ses cours de danse pour extérioriser, il serait devenu fou. Ses parents l’aimaient, c’était pour ça qu’ils agissaient de cette manière, ils avaient peur qu’il ait un accident, il en avait bien conscience, surtout que pour rien arranger à leur angoisse, il lui arrivait de s’endormir sur le chemin du retour de ses cours, mais ils n’allaient pas pouvoir l’enfermer toute sa vie, un jour il allait devoir se débrouiller seul, partir de chez ses parents pour vivre sa propre vie, avec sa maladie, il n’avait pas le choix.

Au cours de sa dernière année de lycée, il dut faire un choix pour son orientation, pour la poursuite de ses études. Rester enfermé l’avait aidé à garder un niveau scolaire élevé, ses parents espéraient le voir aller dans une université… il fit plusieurs demandes dans des universités, pour les rassurer, mais aussi une en plus, en parallèle, à l’Institut Tenno, une école de danse Japonais mais réputée au niveau mondial, où il fut accepté. Lorsqu’il en parla à ses parents, ils refusèrent catégoriquement. Partir au Japon, seul, alors qu’il était encore mineur, faire de la danse tous les jours alors qu’il était malade, alors ça non, c’était hors de question, et Ah Eun eut beau protester, ils restèrent sourds à ses suppliques pendant quelques temps, mais le moral d’Ah Eun baissait soudain. Il voyait son rêve de devenir danseur pro s’effondrer, aller à Tenno était sa meilleure chance d’y arriver, surtout qu’il y avait été accepté…
Incapables de lui redonner le sourire, ses parents contactèrent l’Institut pour avoir plus de renseignements, ils évoquèrent la maladie de Ah Eun pour savoir s’il était possible de faire quelque chose pour l’aider à étudier sans être pénalisé… ils trouvèrent très rapidement un compromis, le conseil reconnaissant le potentiel de Ah Eun, ils ne voulaient pas le perdre parce qu’il souffrait de narcolepsie, ses bulletins scolaires, la démonstration de danse qu’il avait envoyé les avaient impressionné, d’autant qu’il était malade.

Ayant finalement accepté qu’il aille à Tenno, ses parents annoncèrent la bonne nouvelle à Ah Eun, et lui donnèrent leurs conditions : il allait être surveillé par ses professeurs qui étaient au courant, et il allait bénéficier d’une très bonne chambre, en vue de ses soucis de santé. Ah Eun paniqua, cela faisait 6 ans qu’il n’avait pas suivi de cours avec d’autres étudiants, et ses parents l’isolaient derechef des autres élèves ? Même de l’autre côté de la mer de Chine ils voulaient continuer à l’étouffer et à le materner comme un poussin ? Il s’exhorta au calme et après de longues discussions, ses parents acceptèrent de le laisser aller dans une chambre basique, ce qui aurait au moins le mérite de ne pas le laisser seul lorsqu’il serait dans sa chambre.
Ainsi, il se prépara à partir à Tokyo, apprenant plus intensément le japonais qu’il avait commencé à bosser en secret lorsqu’il avait choisi d’aller à Tenno.

À son arrivée, Ah Eun est assez angoissé, non seulement il a changé de pays, mais il reprend des cours normalement après six ans à étudier chez lui, c'est bizarre, et il a peur de ne pas s'adapter. Néanmoins, tout se passe beaucoup mieux que ce qu'il avait imaginé, sa passion pour la danse fait rapidement tomber les murs entre lui et les autres élèves, et son talent lui vaut d'être très admiré.
Deux années durant - du moins officiellement - Ah Eun partage sa chambre avec un dénommé Hiroto, un danseur aussi doué que lui mais plutôt introverti. Leur différence de caractère ne les empêche pas de s'apprécier et de devenir d'excellents amis. Une gentille rivalité les oppose alors qu'ils se partagent la première place du classement Danse.

Au cours de la deuxième année, Hiro finit par ne plus venir à Tenno, pour des raisons obscures qui le poussèrent également à redoubler. Durant son absence, Ah Eun fait la connaissance d'un chanteur plus âgé, Hyun Su, qu'il aide à passer un examen, et à force de temps passé ensemble, Ah Eun tombe amoureux. Malheureusement, tout ce qu'il reçoit du chanteur c'est des coups, des insultes, et il ne comprend pas pourquoi il doit subir ça. Mais, ne pouvant s'éloigner de l'homme qu'il aime, il subit et cache à tout le monde, même à Hiro, la douloureuse relation qu'il entretient au prix de nombreux sanglots, mettant sur le compte de sa maladie les ecchymoses sur son corps.

Alors que la troisième année commence, Hiro a redoublé, et Ah Eun, plutôt que de se retrouver avec d'autres personnes, et connaissant les subites lubies de Hyun Su, décide d'abandonner la formule classique du pensionnat et choisit une formule platinium, en spécifiant ne pas vouloir de colocataire.